30 jours en France : Cause toujours…

29/06/2016 à 12:29

Il ne pouvait y avoir mieux que ce France-Islande pour pimenter l’Euro. Les petits Vikings seraient-ils devenus des géants? Et comment ne pas avoir peur ? Ca fait débat.

 30 jours en France : Cause toujours…

Dans cet Euro ultra-modélisé UEFA, où on a gommé toute spécificité régionale pour vendre le même soda, les mêmes t-shirts et le même siège de Nice à Villeneuve-d’Ascq, au point qu’on se demande parfois en tombant sur un match à la télé dans quel stade se déroule la compétition, l’ennui peut naître un jour de la conformité. Heureusement, et c’est répété à l’envi sur toutes les antennes, les Vikings sèment le désordre et le débat. La série à succès de l’été. Les Islandais sont là et qu’importe la façon - de jouer - pourvu qu’on ait l’ivresse – de la fête sympathique qui accompagne cette équipe. Pour ajouter à l’imprévu, la France de Didier Deschamps est le prochain adversaire des hommes venus du Nord. En faisant référence à une histoire pas si vieille que ça, on rappellera que ça ne réussit pas aux Bleus d’affronter le trublion en phase finale de l’Euro. En 1992, les Danois conviés à interrompre leurs vacances pour remplacer la Yougoslavie, ont battu les Français de Platini en poule (2-1) avant de devenir champions d’Europe. En 2004, les Grecs d’Otto Rehhagel en ont fait de même en quart de finale (1-0) face à Zidane et les siens avant également d’aller plus tard gagner le titre. Oooops ! Je ne suis pas sûr que la bonne volonté et la générosité physique et mentale suffisent à prétendre offrir un titre européen aux joueurs de Lagerbäck et Hallgrimsson, voire même éliminer les joueurs de Deschamps. Mais elles tombent à pic cette semaine. Le programme de cet Euro a appuyé sur le bouton «pause» pour les Français et leur futur adversaire en proposant une trop longue semaine d’attente avant leur opposition au Stade de France. Autant laisser la place à l’imagination, c’est juste ce qu’il faut pour monter la mayonnaise. Dans une ambiance de départ en vacances, la France redécouvre qu’elle possède des millions de sélectionneurs amateurs. Ils ont tout loisir de s’épancher dès qu’on leur tend un micro ou grâce la viralité des réseaux sociaux même si 0,0001% d’entre eux seulement pourrait citer ne serait-ce que dix clubs où jouent les internationaux islandais, FC Nantes compris - là où sévit Kolbeinn Sigthorsson, titulaire au cours des 4 matches et buteur contre l’Angleterre. Comment faire péter le bloc islandais? Umtiti à la place de Mangala pour pallier la suspension d’Adil Rami? Cabaye pour remplacer Kanté? 4-3-3 ou 4-2-3-1? La pointe du losange à l’endroit ou à l’envers? La touche? Le corner? L'âge du capitaine? Etc. Que du bonheur, une impatience à combler. La nature a horreur du vide, quoiqu’en football… Pourrait on tenir le même propos pour tout autre adversaire? Je ne crois pas. Ce France-Islande est délicieux car il balance entre l’idée d’une qualification à portée de mains et l’angoisse d’une farce à l’anglaise. Entre les deux, ça fait du bien d’en parler. Pendant ce temps-là, Didier Deschamps se tait. Il n’y a bien que lui qui connaît déjà la vérité.

Etienne BONAMY.

RECHERCHE